Selon l’OMS, le nombre de personnes souffrant de troubles neurodégénératifs, notamment de la maladie d’Alzheimer, devrait tripler d’ici 30 ans, en passant à plus de 150 millions dans le monde. 5 à 8% des plus de 60 ans seront touchés (OMS 2017).
Les troubles neurodégénératifs ne sont pas une fatalité, et en aucun cas un processus naturel de vieillissement du cerveau. Ils sont dûs à différents facteurs de risque, dont certains peuvent être modifiés. Parmi ces facteurs de risque modifiables, les chercheurs ont découvert que le plus important est le déclin auditif, responsable à lui seul de 9% des cas de troubles neurodégénératifs (étude Livingston – The Lancet – 2017).
Ainsi, si toutes les personnes faisaient un test audio et s’équipaient d’aides auditives suffisamment tôt, plus de 13 millions de cas de troubles neurodégénératifs et de dépendance pourraient être évités d’ici 30 ans.
Le dépistage précoce du déclin auditif est donc un outil essentiel de prévention des troubles neurodégénératifs, et un enjeu de santé publique majeur. C’est pourquoi les médecins, les pouvoirs publics et les professionnels de l’audition se mobilisent pour lancer une grande campagne d’information et de dépistage.
Selon l’OMS
« Le nombre de personnes souffrant de troubles neurodégénératifs, notamment de la maladie d’Alzheimer, devrait tripler d’ici 30 ans. »
Dès 25 ans, notre perception des fréquences les plus aigües commence à décliner. Cette perte auditive est souvent imperceptible avant 60 ans. Mais avec l’âge, elle a tendance à s’accélérer : c’est la presbyacousie. Certains sons, certains mots sont inaudibles. Il devient de plus en plus difficile de participer aux conversations. Certaines situations de la vie sociale deviennent pénibles tant on se sent exclu.
Dans la plupart des cas, une aide auditive et un suivi régulier suffisent à nous redonner nos capacités auditives. Mais alors qu’il nous semble tout naturel de porter des lunettes pour corriger la presbytie, nous avons parfois du mal à franchir le pas pour traiter la presbyacousie : on trouve toujours une bonne raison de remettre à plus tard le test auditif, en essayant de se convaincre que ce n’est finalement pas si gênant d’entendre un peu moi bien.
Pourtant, cette procrastination – qui peut parfois durer plusieurs années – peut s’avérer très risquée. Car au-delà des effets connus de tous (risques accrus de troubles psychologiques, de chute, d’isolement, voire de dépression), les études récentes soulignent le risque d’accélération du déclin cognitif et d’apparition de troubles neurodégénératifs.
Depuis une quinzaine d’années, les chercheurs ont découvert une corrélation entre la perte d’audition et le déclin cérébral. Autrement dit, une perte d’audition, même légère, non traitée, est associée à un risque accru de développer une pathologie au niveau du cerveau, notamment la maladie d’Alzheimer.
Dans la rubrique études, les principaux travaux scientifiques menés sur cette corrélation entre perte auditive et déclin cognitif ont été, pour la première fois en France, compilés et synthétisés.
Entre 2007 et 2017, plus d’une vingtaine d’études ont ainsi été menées dans de nombreux pays, parfois durant plusieurs décennies. Avec des protocoles souvent très différents, ces études indiquent le lien très fort entre déclin auditif et apparition de troubles neurodégénératif.
Certains tentent d’expliquer ce lien, comme par exemple l’étude publiée par Peelle JE, Troiani V, Grossman M, Wingfield A. et J Neurosci en 2011 dans Journal of Neurosciences, qui indique qu’une perte d’audition, même légère, perturbe l’activité neuronale.
En 2016, une étude dirigée par le même chercheur a montré qu’une perte d’audition, même légère, engendre un effort de compensation, qui génère des effets cognitifs en cascade susceptibles d’affecter la perception, la compréhension et la mémoire (Peelle JE, Wingfield A. Trends in Neurosciences).
En 2017, une étude menée par Maharani montre que les appareils auditifs peuvent avoir un effet atténuant sur le déclin cognitif futur, et indique que les aides auditives et la rééducation auditive mises en place suffisamment tôt peuvent enrayer la progression mondiale des troubles neurodégénératifs (Journal of the American Geriatrics Society 2018).
En 2018, l’INSERM de Bordeaux a publié les résultats d’une étude de grande ampleur, menée durant 25 ans sur 3777 personnes. Elle a non seulement confirmé que les sujets souffrant d’une perte d’audition non corrigée avaient un risque accru de dépendance et de troubles neurodégénératifs. Mais elle a également indiqué que les personnes qui avaient compensé leur déclin auditif par un appareillage ne présentaient, pour leur part, aucun sur-risque de dépendance par rapport aux personnes sans problèmes d’audition.
En 2019, les chercheurs de l’Université d’Exeter et du King’s College de Londres ont publié une étude sur les capacités de concentration et de mémorisation de 25000 personnes âgées de plus de 50 ans. Ils ont constaté que les seniors ayant corrigé une perte d’audition par une aide auditive avaient de meilleures capacités cognitives, tant en terme de concentration que de mémorisation, que ceux qui n’ont pas corrigé leur déclin auditif.